En 1931, lors de la parution du livre de Paul Chack, l’Histoire avait déjà oublié Louis Charles du Chaffault de Besné, né en 1708. Seuls, les marins semblaient encore se souvenir.
Duchaffault, pour Paul Chack, fut l’homme d’Ouessant car, par deux fois, il y triompha des anglais.
« L’homme d’Ouessant » est un livre riche, captivant et érudit.
Dès le premier chapitre, le récit, se sentant à l’étroit dans le genre qu’il s’est donné, déborde de la biographie pour venir construire un passionnant ouvrage d’ethnologie maritime.
La plume de l’auteur est élégante. Les descriptions sont évocatrices. Le vocabulaire utilisé, dont on sent qu’il est pas artificiel, est celui d’un marin, d’un homme dont le pied a foulé maintes fois le pont d’un bateau gris. Mais le verbe n’y est pourtant pas hermétique, Paul Chack explique et éclaircit son propos, en bas de page, dans de judicieux et savants renvois.
La fameuse bataille d’Ouessant du 27 juillet 1778 est même illustrée de quelques croquis tactiques.
L’ouvrage est un ouvrage clair. L’idéologie, qui, quelques années plus tard, a déshonoré et finalement mené à sa perte le grand écrivain, est laissée de côté.
Dans « L’homme d’Ouessant », seuls, l’écrivain, le marin et l’historien ont la parole. Le livre est de ceux qui ne s’oublient pas, de ceux qui font une belle et intéressante bibliothèque. Il remet en lumière, après l’avoir replacé dans son contexte, le destin original d’un homme exemplaire, d’un grand marin attentif aux hommes, à la manœuvre et à son vaisseau, d’un soldat audacieux …
Babelio
Louis Paul André Chack, (1876 – 1945) officier de marine, écrivain et collaborateur français.
Excellent marin, distingué à plusieurs reprises pour son héroïsme et son courage avant et pendant la Première Guerre mondiale. Après une carrière dans la Marine, il se consacre à partir des années 1920 à la rédaction de nombreux ouvrages spécialisés pour la plupart sur les aspects navals de la Grande Guerre, grâce à la documentation du Service historique de la Marine et à l’encouragement de Claude Farrère.
Écrivain réputé avant la Seconde Guerre mondiale, il se porte volontaire au début de celle-ci pour reprendre du service alors qu’il est en retraite. Depuis le milieu des années 30, il a rejoint l’idéologie anti-juive, antibolchévique et milite au sein de parti d’extrême droite. Il est favorable sous l’Occupation à la politique de collaboration avec l’Allemagne. Il est condamné à mort à la Libération, en décembre 1944, et est, avec Robert Brasillach, l’un des quelques intellectuels français exécutés pour intelligence avec l’Allemagne nazie.